Ce que l’on sait sur la qualité de vie dans l’enseignement
Ces récentes années, des études de plus en plus nombreuses se sont penchées sur le travail de l’enseignant-e.
Elles mettent toutes en exergue le fait que le métier est exposé à de nombreux risques et que plus de 40 % des enseignant-e-s se plaignent de mal-être et de stress croissants dans leur travail.
Le même constat apparaît dans tous les pays :
- On demande toujours plus aux enseignant-e-s : instruire, éduquer, changer les méthodes pédagogiques, répondre aux attentes des parents, etc.
- Les enseignant-e-s sont tenus responsables des problèmes que rencontrent les élèves, leur rôle est de moins en moins valorisé par la société et l’image de l’école tend à se dégrader.
- Il est de plus en plus difficile de gérer les classes d’élèves plus nombreuses et hétérogènes et de faire réussir des élèves qui ne voient pas toujours le sens de l’école.
- L’école subit les tensions multiples que connaissent les familles, la société, l’économie.
Tout-e-s les enseignant-e-s n’en souffrent cependant pas de la même manière. Cela tient à des facteurs personnels et à l’environnement de travail. Il est donc possible d’agir sur la qualité de vie au travail et de se protéger des risques liés aux stress négatifs.
Les personnes qui élaborent des stratégies pour faire face aux difficultés et développent une bonne estime de soi et un sentiment de satisfaction professionnelle connaissent plus de bien-être. Celles qui tendent à éviter et fuir les problèmes ou à se plaindre sans agir courent dans la durée plus de risque. Les enseignant-e-s qui débutent dans le métier sont également plus vulnérables et ont davantage besoin de soutien pour réussir.
.
Eléments clés
Développer sa qualité de vie d’enseignant-e
De manière générale, l’approche la plus efficace consiste à :
- analyser la situation et trier ce qui peut être changé et ce qui est hors de son influence,
- mettre son énergie et agir sur les aspects que l’on peut modifier et faire évoluer.
Face à une situation stressante, on peut généralement changer :
- certains aspects de la situation, et
- sa perception, son appréciation de la situation
Ce faisant, on travaille à la résolution des problèmes identifiés, de manière active et on vise une évolution de la situation.
Ne pas chercher à changer ce qui ne peut l’être
Il y a plusieurs facteurs sur lesquels on n’a pas grande influence : la nature du travail, les tâches essentielles, le type d’élèves, l’attitude des collègues. Il en est de même pour le cadre général et l’environnement de travail.
Il faut aussi admettre qu’on ne va pas changer les personnes avec lesquelles on travaille. On peut leur communiquer ce que l’on ressent ou subit, mais on ne peut ni transformer leur personnalité, ni modifier directement leurs comportements.
Cerner les problèmes et inventorier ses ressources
Face à un problème (élève qui pose des difficultés, classe indisciplinée, absence de motivation pour apprendre, conflit, etc.), il est utile de noter les situations et les comportements qui gênent son enseignement et les mesures déjà appliquées. On peut ensuite rechercher de nouvelles stratégies.
Les échanges avec des collègues ou la direction peuvent faciliter une prise de distance et la découverte de nouvelles ressources :
- par rapport à la situation : quelles stratégies pour communiquer avec les personnes concernées, mettre de l’ordre, sanctionner efficacement, etc.
- par rapport à soi : comment contrôler ses émotions, retrouver sa confiance et une disponibilité, s’affirmer, etc.
Faire appel à des appuis
Des collègues ou d’autres personnes ressources (services spécialisés à disposition des enseignant-e-s, formation, etc.) peuvent aussi apporter un soutien ou intervenir directement dans la situation.
Résoudre un problème avec méthode
Les solutions sont plus facilement trouvées lorsque l’on suit les étapes ci-après :
- Savoir ce que l’on veut
- Analyser les obstacles et les leviers d’action possibles
- Chercher un maximum d’options
- Comparer leurs avantages et inconvénients avant de faire un choix (ou de combiner des options)
- Préparer soigneusement la mise en œuvre concrète de la solution
- Evaluer les résultats après un temps donné
Prendre de la distance
- Trier entre ce qui est prioritaire et ce qui est secondaire
- Relativiser, lâcher prise, faire le deuil de ce que je ne peux pas changer pour libérer de l’énergie pour autre chose
- Ne pas prendre sur soi ce qui ne nous appartient pas, rendre à César ce qui est à César.
- Reconnaître ses faiblesses et erreurs avec bienveillance, sans « s’auto-flageller » par exemple pour la moindre coquille dans un document, accepter les critiques constructives, laisser de côté les autres reproches.
Distinguer ce qui est important et ce qui est urgent
- Donner la priorité à ce qui est important
- Anticiper autant que possible pour ne pas se trouver pris dans les urgences
- Catégoriser les tâches dans le tableau ci-après, et donner la priorité aux cases 1 et 2
Modifier sa vision ou son approche du travail
- Evaluer la pertinence de son approche, seul-e ou avec une personne de confiance
- Identifier et prioriser ce qui motive le plus
- Changer ses propres exigences par rapport au travail
- Repenser au sens, aux valeurs, au cœur de son métier
- Se souvenir que les élèves sont des personnes en devenir
Augmenter sa capacité face aux stress inéluctables
- Définir des objectifs réalistes
- Dire non
- Acquérir de nouvelles compétences (pour gérer la classe, les élèves qui perturbent, etc.)
- Développer des stratégies, des « ruses habiles » dans le quotidien de l’enseignement
« Enseigner c’est aller vers l’autre, le rencontrer, l’aider à progresser à son rythme et non à celui que nous pourrions imposer, c’est une expérience pleine. »
Une enseignante
Des « stratégies » à risque…
inefficaces dans la durée
Utiliser des temps / activités « soupapes »
sans agir sur la situation à plus long terme
Se plaindre, discuter des problèmes
dans des conversations de cafeteria
.
Outils de bilan
Moyens pour prendre soin de la qualité de vie dans l’enseignement
Domaine | Dans quelle mesure est-ce que j’utilise les moyens suivants ? | + + | + | +/- | – | – – |
Stress et charge de travail |
Analyser les difficultés et chercher les moyens d’y remédier Renoncer à vouloir changer ce qui ne peut l’être Gérer mon temps (planifier, établir des objectifs, prévoir des temps et délais réalistes) Faire une chose à la fois Eviter de systématiquement remettre les choses à plus tard Oser dire non ; déléguer si c’est possible |
|||||
Gestion de la classe et des élèves |
Développer des stratégies de gestion de situations difficiles S’entraider entre collègues ; faire appel à des spécialistes |
|||||
Identité et développement professionnels |
Me tenir à jour, me perfectionner Prendre part à des analyses de pratiques professionnelles Discuter avec mes collègues de notre métier |
|||||
….. |
*
Ressources
Conseils pour la gestion du temps
16 conseils de Joël de Rosnay publiés dans l'Expansion. "Il n'existe aucune règle valable pour tous et dans tous les cas de figure ; seulement des conseils...
Optimisez votre temps de travail !
Etes-vous prêt pour optimiser votre temps de travail ? 6 étapes proposées par Carole Kalfus "Optimiser son temps de travail nécessite un effort conscient de...
0 commentaires